Publié : 20 février 2018
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Au fil de mes années d’expérience en stimulation du langage avec les enfants, j’arrive à un constat troublant : la détresse de l’enfant causée par un trouble ou un retard quelconque est trop souvent passée sous silence. Elle peut avoir plusieurs visages. J’aimerais, en ces quelques lignes, la faire sortir de l’ombre au nom de tous ces enfants différents.

La plupart des troubles du langage les plus connus , tels que les retards de langage, la dyslexie, la dysorthographie, la dysphasie, les difficultés reliées à la pragmatique et les difficultés d’accès lexical ne se voient pas physiquement chez les enfants. Cependant, ils causent parfois bien des dégâts.

Il y a des enfants pour qui la difficulté à laquelle ils font face est une petite colline. Monter est plus difficile, mais avec de l’aide, du soutient et de l’effort, ils en viennent à bout. Il y en a d’autres pour qui la colline est en fait une grosse montagne escarpée et plus sombre. Même avec de la motivation, de l’aide et bien des efforts, le sommet semble toujours se dérober au détour d’un nouveau sentier. Ce n’est pas de la mauvaise volonté ou être têtu.

En vivant de nombreux échecs et en ayant un parcours scolaire (et parfois même pré-scolaire ) chaotique, les enfants développent parfois une forte détresse.

Je pense à cet enfant qui a dit : ‘’ Moi, je me sens différent. Je réussi toujours moins bien que les autres et je suis tellement lent .’’Je pense à cette fillette de 2eme année qui m’a dit avec beaucoup de larmes que sa tête n’est ‘’pas bonne ‘’ et que les mots ne restent pas dedans. Je pense aussi à ce pré-ado tellement anxieux d’aller à l’école à cause de ses difficultés langagières qu’il en a des symptômes physiques toute l’année. Normal ?

Comme intervenante, j’aimerais vous dire que les mots, les gestes et les regards vus et entendus par vos enfants les affectent. Les diagnostiques et les plans d’intervention ne sont pas des étiquettes à coller. Selon moi, un enfant n’est pas autisme, il a des caractéristiques présentes sur le spectre de l’autisme. Un enfant n’est pas TDAH, il a le TDAH. Toi, tu es dyslexique? Non, tu as la dyslexie. Nuance ! Parlons de faiblesses et de forces propres à la situation de l’enfant au lieu de s’en servir pour le catégoriser et le définir. Imaginez le regard que l’enfant porte sur lui-même. Le regard des autres est une chose, mais notre propre regard fait mille fois plus mal.

Au niveau du langage, les enfants passent généralement par les mêmes apprentissages. Certains les font plus lentement. Cependant, l’important est qu’ils arrivent à destination. Ils ne perdront pas nécessairement au change, même si leur vitesse est plus lente. Ils apprendront même peut-être à développer quelques capacités inconnues des autres.

Vos enfants, différents ou non, sont plein de forces. C’est à nous tous ( parents, professeurs, amis, etc ) de les aider à les mettre en lumière. Si ce n’est pas la lecture, parler devant un groupe ou les maths, est-ce si grave ? La performance académique pèse bien moins que le bonheur et le bien-être