Publié : 15 avril 2021
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Ça fait maintenant 10 ans que je suis éducatrice en centre de la petite enfance. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu travailler avec des enfants. J’aime prendre soin des enfants, jouer avec eux et participer à leur développement. Il était évident pour moi qu’un jour j’aurais des enfants. Après avoir rencontré mon conjoint, nous avons mis au monde notre premier enfant Lucas. Lucas est un enfant enjoué, il a beaucoup d’énergie et il est très moteur. Il a vécu plusieurs belles réussites dès son jeune âge, mais vers ses 16 mois une cloche a sonné dans ma tête. Lucas ne parlait pas. Oui, la cloche a sonné très tôt, mais je le sentais au fond de moi que je m’inquiétais pour les bonnes raisons (tu sais, l’instinct maternel?). 

Après quelques démarches auprès de son pédiatre, j‘ai vite compris que l’attente serait très longue avant que Lucas puisse avoir une évaluation. J’ai donc commencé à chercher des outils, des formations ou encore des activités qui pourraient m’aider à soutenir le développement du langage de mon fils. J’ai alors aperçu dans mes recherches une Attestation d’études collégiales en Stimulation du langage en milieux éducatif. Wow! La formation parfaite pour moi. Je me suis donc inscrite et j’ai complété cette formation enceinte de mon deuxième garçon. 

 

La première émotion que j’ai vécue en commençant la formation c’était la culpabilité. Je me disais qu’on n’en avait pas fait assez, qu’on c’était trop concentrer sur ses réussites, que c’était notre faute, etc. Ma formation m’a vite apprise qu’il y avait plusieurs types de troubles langagiers dont ceux qui sont neurologiques. J’ai continué mon cours, j’ai appliqué mes apprentissages avec Lucas. Notre deuxième garçon est né. Puis, 1 an après le début de mes démarches, le diagnostic tombe. Lucas a un trouble développemental du langage et un trouble de développement des sons de la parole. Ouf, c’est un choc! Et un soulagement à la fois. Lucas aura de l’aide! Enfin!

 Depuis, Lucas voit une orthophoniste une fois par semaine à son CPE. Cette femme, quelle merveille! Elle nous outille, nous conseille, nous écoute. Elle est drôle, remplie d’énergie et chaleureuse. C’est le ‘’match’’ parfait! Nul besoin de vous dire comment Lucas a fait des progrès depuis qu’il est suivi! Quel soulagement d’avoir de l’aide! C’est précieux! 

Avant, je me sentais comme un cordonnier mal chaussé. Je me disais que j’étais moins compétente dans mon domaine que ce que je pensais, que j’en avais pas fait assez pour mon fils et même que les gens auraient moins confiance en moi, parce que j’avais ‘’échoué’’ avec mon fils. 

Heureusement, tous ces sentiments sont partis aujourd’hui. J’apprends à me donner une tape dans le dos le soir, à me féliciter pour mes bons coups et je me donne le droit à l’erreur. Je suis fière de Lucas, de ses progrès et je suis fière de nous en tant que parents. Nous vivons une journée à la fois. Des fois, il y a des réussites, d’autres fois des défis. Les troubles langagiers de Lucas font partis de lui, mais aussi de nous, notre vie de famille et notre quotidien. Je sers souvent de ‘’traductrice’’ pour Lucas auprès des autres personnes qui n’arrivent pas à le comprendre. Chez nous, ca nous arrive de taper des mains et de sauter de joie quand Lucas produits un mot correctement. On exagère nos sons, on allonge nos mots, on sépare les syllabes sur notre bras pour l’aider à prononcer etc. 

Dans ma maison, il y a un enfant différent avec des parents qui font de leur mieux et qui aiment leurs enfants plus que tout au monde. 

Lucas, tu es merveilleux. Je t’aime de tout mon cœur et je suis extrêmement fière de toi! 

Émilie Potvin 

Maman, éducatrice & intervenante en stimulation du langage